

1944-2014 l’histoire du lycée Jules-Renard
- Publié le lundi 21 avril 2014 21:46 Écrit par Article du JDC du 20-04-2014 dominique.souverain
C’est après les bombardements de juillet 1944 que l’obligation de construire un nouveau lycée s’est révélée urgente.
Remplaçant le Lycée de Nevers, le lycée Jules-Renard n’ouvrira, pourtant, ses portes, que 14 ans plus tard, en 1958, avant de se marier avec le lycée Jean-Jaurès, de se donner de l’air avec le CES Banlay, et de se rapprocher du lycée Raoul-Follereau.
Décidé en 1944, après les bombardements du 16 juillet, qui réduirent quasiment à néant le Lycée d’État de Nevers (le seul du département, à l’époque), la construction d’un nouveau lycée a mis très longtemps à devenir réalité. Quatorze ans exactement. Son ouverture n’a, en effet, eu lieu qu’en octobre 1958. Comme l’explique Jean-Bugarel, ancien professeur de lettres, historien, et érudit local, auteur de très nombreux ouvrages sur le monde de l’éducation, « il y a eu beaucoup de discussions pour savoir où le construire, quelle taille lui donner, et quel nom lui trouver ». |
![]() Pensé, dès l’après-guerre, mais sorti de terre juste avant les années 60, le lycée Jules-Renard fêtera, cette année, ses 56 ans. Il s’est classé deuxième sur neuf, l’an dernier, avec son taux de réussite de 94 % au Bac. - Frédéric Lonjon |
Un premier terrain dès l’année 1944
Dans un premier temps, un ancien terrain de deux hectares, qui appartenait aux Visitandines, près de la route de Paris et du boulevard Jérôme-Trésaguet, avait été retenu, dès 1944. Mais c’est finalement le nouveau quartier en construction du Banlay qui fut choisi. Il était alors question de lui donner le nom de Romain-Rolland : « Mais l’idée a été abandonnée, Romain-Rolland n’ayant pas été élève du Lycée d’État de Nevers, contrairement à Jules-Renard ». Malgré ses locaux neufs, l’établissement restait typiquement un lycée traditionnel, « presque semblable, structurellement, aux collèges royaux du début du XIXe siècle ». Il avait toujours ses classes élémentaires, un premier cycle masculin, (le seul existant pour Nevers et les alentours), et un deuxième cycle classique et moderne, préparant aux baccalauréats Mat-Elem (maths élémentaires), Sciences-Ex (sciences expérimentales) et philosophie.
Ses classes Terminales accueillaient des jeunes filles (comme presque tous les lycées en France) surtout en Math-Elem et Sciences-Ex, ces sections n’étant pas habituellement créées dans les collèges et lycées féminins : « La première rentrée se fit avec 951 élèves, dont 237 en classes primaires restés, quant à eux, dans ce qui restait des locaux de l’ancien Lycée bombardé. Le proviseur, M. Demuth, était arrivé en 1951, à Nevers, et avait assuré la difficile période entre démolition et reconstruction, des élèves se retrouvant notamment provisoirement dans le Musée. Une fois ouvert, Jules-Renard connaissait rapidement une forte fréquentation. En 1961-1962, il y avait cinquante-deux enseignants. Quatre d’entre eux avaient été détachées du Lycée national technique : « Il y avait quatre classes de Terminales et, au total, trente et une classes secondaires. Soit trois fois plus qu’en 1958?! Dix ans après sa création, le nombre des professeurs s’élevait à 108, dont 47 femmes ». Il faut rappeler les raisons pour lesquelles les premiers cycles de lycées d’abord, puis plus tard leurs seconds cycles, « explosèrent » devant l’afflux des élèves : « Trois séries de facteurs avaient joué. Le premier fut le boum démographique. Tout de suite après la Libération, les naissances se multiplièrent. Ces générations arrivèrent en 6e à partir de 1956-1957 ».
En 1958, seulement 25 % des enfants atteignent la 6e
Le second fut l’évolution économique de la France caractérisée par le développement industriel et une très forte urbanisation. Ce deuxième facteur s’accompagna d’une demande accrue de formation. Le troisième fut la démocratisation de l’enseignement du second degré : « Celui-ci jouissait d’un prestige lié à son caractère élitiste, avec études coûteuses, origine bourgeoise de la plupart de ses élèves, et sélection sévère des boursiers. Il apparaissait comme la seule voie de promotion sociale et d’accession à l’Université et aux grands corps de l’Etat ». Alors qu’en 1958, le taux de scolarisation, en 6e, atteignait seulement 25 % dans la Nièvre, l’objectif à atteindre étant de 100 % en trois ou quatre ans. En 1960, il y avait 1.000 enfants en 6e. On en prévoyait 2.500, en 1962, 3.000 à 3.500, en 1963. Heureusement, d’autres établissements étaient alors construits, permettant de donner un peu d’air au Lycée. Ce fut, notamment, le cas, dans la cité scolaire du Banlay, avec l’apparition du CES en 1971, collège qui prit par la suite le nom d’Adam-Billaut. En 1972, le lycée prenait la configuration qu’on lui connaît actuellement, avec uniquement des classes de Seconde, Première et Terminale.
La fusion contestée avec Jean-Jaurès
En 1976, “Jules”, comme les élèves le surnomment, connaît un autre chamboulement, avec la fusion, très contestée, avec le Lycée technique Jean-Jaurès (sur l’emplacement actuel de la médiathèque). C’était une opération « violente », se souvient Jean Bugarel : « Pour tous ceux qui travaillaient au lycée Jean-Jaurès, c’était inconcevable?! Les enseignants de Jules-Renard n’étaient, eux, pas contre. Il y a eu beaucoup de bagarres entre les deux Conseils d’administration. Jusqu’au jour où le ministère a dit “ça suffit”, et a acté autoritairement la fusion ».
Dans les années 1982-1983, les esprits ont eu le temps de se calmer. Le lycée Jules-Renard compte alors 1.381 élèves, dont 91 dans les classes de BTS, héritiers, en somme, de l’ancien lycée Jean-Jaurès.
Aujourd’hui, le lycée littéraire, scientifique et technologique, avec ses classes préparatoires et ses classes de techniciens supérieurs, n’a plus qu’un très lointain rapport avec le collège et le Lycée d’État de Nevers dont il est issu. Rattaché, en partie, à Raoul-Follereau (même restaurant, équipements sportifs communs, même proviseur, enseignements partagés), il a été classé 2e sur neuf lycées dans la Nièvre, avec un taux de réussite de 94 % au Bac, et 20e meilleur lycée en Bourgogne, sur 57.
Dominique Souverain
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